Arbres et droit : quels statuts juridiques pour les arbres en France ?
Quels sont les droits des arbres en France ? Statut juridique, déclaration des droits de l’arbre, protection, barème de l’arbre et responsabilités des propriétaires.
Introduction : l’arbre, un être vivant au cœur du droit
Longtemps considéré comme un simple bien immobilier, l’arbre occupe aujourd’hui une place croissante dans les débats juridiques, environnementaux et sociétaux. Face aux enjeux climatiques, à l’érosion de la biodiversité et à l’urbanisation massive, la question du droit des arbres devient centrale. Peut-on parler de droits propres pour l’arbre ? Comment la loi française protège-t-elle le patrimoine arboré ? Quelles sont les obligations des propriétaires publics et privés ?
À travers cet article, nous analysons les fondements juridiques existants, la Déclaration des droits de l’arbre, le rôle du barème de l’arbre, ainsi que les responsabilités légales liées à leur gestion.
Le statut juridique de l’arbre en droit français
L’arbre : un bien, mais pas seulement
En droit civil français, l’arbre est traditionnellement considéré comme un bien immeuble par nature (article 520 du Code civil), attaché au sol tant qu’il n’est pas coupé. Cette vision patrimoniale reste dominante, mais elle évolue progressivement.
Depuis la loi du 8 août 2016 pour la reconquête de la biodiversité, le Code civil reconnaît que les êtres vivants sont doués de sensibilité. Bien que cette reconnaissance ne confère pas de personnalité juridique à l’arbre, elle marque un tournant symbolique fort.
👉 L’arbre n’est plus seulement un objet : il est un élément vivant à préserver.
La Déclaration des droits de l’arbre : un texte fondateur
Adoptée en 2019 à l’initiative de juristes, philosophes, scientifiques et arboristes, la Déclaration des droits de l’arbre constitue une avancée majeure.
Les principes clés de la Déclaration
Selon ce texte :
- L’arbre est un être vivant à part entière
- Il joue un rôle fondamental pour l’équilibre climatique et écologique
- Il doit pouvoir croître, se développer et se régénérer
- Toute atteinte injustifiée à l’arbre est contraire à l’intérêt général
Cette déclaration n’a pas de valeur contraignante, mais elle sert de référence éthique et juridique, notamment dans certaines décisions de justice et politiques publiques locales.
👉 Déclaration des droits de l’arbre – Site officiel
https://www.arbres.org/declaration-des-droits-de-l-arbre.htm
Arbres, urbanisme et protection légale
Les outils juridiques existants
Même sans personnalité juridique, l’arbre bénéficie de nombreuses protections indirectes :
- Plans locaux d’urbanisme (PLU) : classement d’arbres remarquables
- Espaces boisés classés (EBC) : interdiction d’abattage sans autorisation
- Code de l’environnement : protection des habitats et espèces
- Arrêtés municipaux : protection du patrimoine arboré urbain
L’abattage ou la taille abusive peut ainsi entraîner :
- Des sanctions administratives
- Des obligations de compensation
- Des poursuites civiles ou pénales
Responsabilité du propriétaire : entre entretien et préservation
Obligation d’entretien
Le propriétaire d’un arbre est juridiquement responsable :
- Des chutes de branches
- Des dommages causés aux tiers
- Des racines empiétant sur les propriétés voisines
Cependant, cette obligation ne doit pas conduire à des élagages abusifs. Les juges prennent de plus en plus en compte :
- L’âge de l’arbre
- Son état sanitaire
- Son intérêt écologique
Le barème de l’arbre : donner une valeur à l’irremplaçable
Qu’est-ce que le barème de l’arbre ?
Le barème de l’arbre est un outil d’évaluation financière permettant d’estimer la valeur d’un arbre en cas de :
- Dommage
- Abattage illégal
- Projet d’aménagement
Il repose sur plusieurs critères :
- Espèce
- Dimensions
- État sanitaire
- Valeur paysagère
- Rareté
👉 Contrairement à une simple valeur marchande, il s’agit d’une valeur écologique, patrimoniale et sociale.
🔗 Site de référence : https://www.baremedelarbre.fr/
Vers une reconnaissance juridique accrue des arbres ?
Une tendance internationale
Dans plusieurs pays, des entités naturelles (fleuves, forêts) ont déjà obtenu une personnalité juridique. En France, la réflexion progresse, notamment grâce :
- Aux travaux doctrinaux
- Aux associations environnementales
- Aux contentieux stratégiques
Les documents juridiques analysés (rapports et propositions doctrinales) montrent une volonté claire de :
- Renforcer la protection des arbres
- Reconnaître leur rôle systémique
- Intégrer l’arbre comme sujet d’intérêt général
Pourquoi le droit des arbres concerne tout le monde
L’arbre n’est pas qu’un élément de décor :
- Il capte le CO₂
- Il régule la température
- Il protège les sols
- Il favorise la biodiversité
- Il améliore la santé humaine
Le droit des arbres devient ainsi un levier essentiel pour :
- Lutter contre le changement climatique
- Réconcilier urbanisme et nature
- Préserver le patrimoine vivant pour les générations futures
Conclusion : l’arbre, un sujet de droit en devenir
Si l’arbre n’est pas encore reconnu comme une personne juridique en France, les évolutions législatives, jurisprudentielles et sociétales montrent une trajectoire claire : celle d’une protection renforcée du vivant.
La Déclaration des droits de l’arbre, le barème de l’arbre et les outils juridiques existants forment un socle solide pour repenser notre rapport au végétal. Plus qu’un enjeu juridique, il s’agit d’un choix de société.





