Upcycling et mode : comprendre, adopter et éviter le greenwashing

La mode est partout : dans nos placards, sur nos écrans, dans nos rues. Mais derrière cette évidence se cache une réalité moins glamour : l’industrie textile fait partie des secteurs les plus polluants au monde. Bonne nouvelle : il existe des alternatives concrètes, accessibles et créatives pour réduire l’impact de nos vêtements. Parmi elles, l’upcycling (ou “surcyclage”) s’impose comme une approche à la fois écologique, pédagogique et enthousiasmante.

Cet article a un objectif simple : sensibiliser sans culpabiliser, et surtout aider à prévenir les pièges (notamment le greenwashing) pour faire des choix plus éclairés.

Upcycling dans la mode

1) L’upcycling, c’est quoi exactement ?

L’upcycling consiste à transformer un produit existant (souvent destiné à être jeté ou inutilisé) en un objet de meilleure qualité, de meilleure utilité ou de plus grande valeur.

Dans la mode, cela veut dire par exemple :

  • transformer un jean usé en short ou en jupe,
  • créer un sac à partir d’une veste,
  • assembler plusieurs chutes de tissus pour fabriquer une chemise, un bob, un tote bag,
  • réparer et customiser un vêtement pour le rendre unique.

L’idée clé : on ne “recycle” pas la matière, on réutilise intelligemment l’existant, en limitant au maximum les étapes industrielles.

2) Upcycling, recyclage, seconde main : quelles différences ?

On mélange souvent tout… et c’est normal. Voici un repère simple :

  • Seconde main : on revend / donne / achète un vêtement tel quel, sans transformation.
  • Recyclage : on “redescend” à la matière (fibres, fil, etc.). Cela demande souvent de l’énergie et des procédés industriels, et peut dégrader la qualité.
  • Upcycling : on transforme un vêtement ou un textile en gardant la matière et en augmentant sa valeur d’usage.

En pratique, ces démarches sont complémentaires. Mais l’upcycling a un atout majeur : son impact peut être très faible, surtout quand il est fait localement et sans ajout de matières neuves.

3) Pourquoi l’upcycling est un vrai levier de prévention

Parler d’upcycling, ce n’est pas seulement parler de couture ou de DIY. C’est surtout encourager une prévention à plusieurs niveaux :

Réduire les déchets textiles

Chaque vêtement prolongé, transformé ou récupéré, c’est potentiellement :

  • un achat neuf évité,
  • un déchet en moins,
  • des ressources naturelles préservées (eau, énergie, matières premières).

Freiner la surconsommation

L’upcycling apporte une autre logique : faire avec plutôt que acheter plus. On sort de la culture du “jetable” pour aller vers la culture du “durable”.

Revaloriser les savoir-faire

Réparer, transformer, couper, assembler : l’upcycling remet au centre des compétences souvent invisibilisées et relocalisables (couture, retouche, artisanat).

4) Les pièges à éviter : attention au greenwashing

C’est ici que la prévention devient essentielle : tout ce qui se présente comme “upcyclé” ne l’est pas forcément, ou pas de façon significative.

Voici les signaux de vigilance :

“Upcycling” utilisé comme argument marketing flou

Si la marque ne dit pas clairement :

  • d’où viennent les matières,
  • quelle part du produit est réellement upcyclée,
  • où et comment la transformation est faite,
  • alors le terme peut être un simple vernis marketing.

Micro-collections “upcyclées” pour verdir une image

Certaines enseignes produisent une capsule upcycling… tout en continuant le modèle du volume massif. Ce n’est pas inutile, mais cela peut servir à détourner l’attention.

Upcycling qui ajoute beaucoup de neuf

Si on ajoute beaucoup de tissus neufs, de doublures, d’accessoires, d’emballages, ou si la transformation implique un transport important, l’impact réel peut diminuer.

Le bon réflexe : chercher la transparence, les preuves, et privilégier les acteurs qui expliquent le “comment” plutôt que ceux qui ne vendent que le “concept”.

5) Comment adopter l’upcycling simplement (sans être expert)

L’upcycling n’est pas réservé aux couturiers.

Niveau 1 : prolonger la vie (simple et très efficace)

  • réparer un bouton, un ourlet, une couture,
  • utiliser des patchs ou des écussons,
  • teindre un vêtement taché,
  • transformer un pantalon en short.

Niveau 2 : transformer (accessible avec un peu de pratique)

  • raccourcir, ajuster, cintrer,
  • changer une fermeture,
  • assembler deux pièces pour en créer une nouvelle.

Niveau 3 : créer (avec accompagnement ou atelier)

  • partir de chutes textiles et patrons,
  • créer une pièce unique,
  • apprendre en atelier (associations, ressourceries, couturiers locaux).

Astuce : commence par un vêtement “à risque” (que tu ne portes plus). Ça enlève la pression et libère la créativité.

Si tu préfères passer par des créations déjà upcyclées plutôt que de le faire toi-même, tu peux aussi te tourner vers des marques spécialisées, par exemple Vichy Krypton, qui proposent des pièces conçues à partir de textiles existants.

6) Les bons critères pour choisir une marque ou un atelier d’upcycling

Si tu cherches une option “clé en main”, voici une mini check-list :

  • Traçabilité : provenance des vêtements / textiles récupérés.
  • Local : confection ou transformation proche, conditions de travail claires.
  • Séries limitées assumées : l’upcycling ne peut pas être “infini” en volume sans compromis.
  • Qualité : finitions solides, pièces durables, réparation possible.
  • Transparence : explications concrètes, pas seulement des slogans.

Conclusion : l’upcycling, une mode qui a du sens

L’upcycling dans la mode, ce n’est pas une tendance. C’est une démarche qui combine sobriété, créativité et prévention. Il ne s’agit pas d’être parfait : il s’agit de faire mieux, progressivement, avec des choix plus lucides.

Si on devait résumer en une phrase :
l’upcycling, c’est apprendre à regarder autrement ce que l’on possède déjà.

 

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